Actionner les leviers agronomiques
Face au stress hydrique, l’agronomie reste une des premières réponses.
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Tous s’accordent à dire que la première des solutions pour limiter l’impact du stress hydrique en productions végétales passe par une combinaison de leviers devenue un enjeu majeur des plateformes d’essais des coopératives et négoces. Une matrice fort intéressante, bâtie par la cellule RIT et le RMT ClimA dans le cadre du Varenne agricole de l’eau, répertorie d’ailleurs une centaine de leviers techniques en culture et élevage actionnables par les exploitations agricoles pour s’adapter au changement climatique.
ACS et matière organique
Certains de ces leviers sont travaillés sur le terrain depuis plusieurs années. C’est le cas du négoce Perret autour des biostimulants (lire ci-contre), dans l’objectif, notamment, d’avoir un sol en capacité de mieux stocker l’eau et des plantes en capacité de mieux la prélever. La matière organique joue là un rôle essentiel dans la rétention d’eau, renforcée par les couverts végétaux qui en sont pourvoyeurs. L’agriculture de conservation des sols semble aussi pousser la roue dans ce sens. Agora, avec sa douzaine d’années de recul en ACS, en témoigne avec son expert Luc Vandeputte : « En augmentant le taux de MO des sols, l’ACS permet aux plantes d’être plus résilientes vis-à-vis du manque d’eau. Dans une parcelle de la même variété de maïs fourrage de 18 ha, avec une ancienne pâture de 3 ha à un taux de MO de 5,5 %, et le reste à un taux de 2,3 %, on a pu observer pour la zone à MO élevée un maïs plus vert en juin et juillet, mesurant 50 cm de plus et récolté en ensilage à 33 % de MS contre 43 % pour les autres hectares. »
Une stratégie d’échappement
Les pratiques culturales sont d’ailleurs plébiscitées par les agriculteurs de notre baromètre Agrodistribution-ADquation (ci-dessus) pour s’adapter aux périodes de sécheresse, la seconde voie évoquée étant l’abandon des cultures trop sensibles au manque d’eau. Les surfaces de tournesol devraient d’ailleurs progresser de 8 à 10 % cette année. Cette « stratégie d’échappement au stress hydrique », ainsi que l’évoque Mickaël Mimeau, responsable agronomique d’Alliance BFC, est un des axes de recherche sur le terrain. « Nous travaillons à la diversification des assolements avec nos deux plateformes nouvelles cultures (lire p. 30), au choix de variétés les plus adaptées, en recherchant la régularité plus que la performance à tout prix, et à la conduite culturale avec des semis précoces au printemps. » Cependant, l’accélération du changement climatique peut venir perturber des approches qui fonctionnaient jusque-là. « Plus la floraison sera précoce en maïs, plus la plante sera épargnée par le stress hydrique, mais c’est de moins en moins vrai avec l’évolution climatique », observe Baptiste Breton, de la coopérative La Tricherie.
Toutefois, les semenciers cherchent à apporter des réponses en constituant des gammes spécifiques de variétés tolérantes au stress hydrique. C’est le cas en maïs avec Tolérance Stress Hydrique chez Advanta (lire ci-contre) et LG, Optimum Aquamax chez Pioneer, Stressless H2O chez RAGT, DK Optim’Eau chez Bayer, Cactus chez Lidea, etc.
Un rôle essentiel des TC
D’autres solutions sont également étudiées pour « réduire le dessèchement de la plante, poursuit Mickaël Mimeau. Réduction du travail du sol et couverture du sol afin de minimiser les pertes d’eau, abaissement des densités de semis pour moins de concurrence au champ face à l’eau, développement des systèmes racinaires avec les biostimulants dont nous renforçons les essais… » Pour sa part, Océalia teste le mulchage des couverts pour limiter l’évaporation du sol et le produit Best-a (Elicit plant) qui permet une moindre évapotranspiration des plantes. Cette coopérative de Nouvelle-Aquitaine travaille aussi sa base de données « afin d’établir à terme une corrélation entre les sols et leur RU et les itinéraires de production à adopter pour optimiser le rendement », précise Kévin Larrue, responsable service Innov Agro, tout en soulignant « le travail de pédagogie nécessaire auprès des adhérents et des TC pour recueillir les données les plus précises et les plus fiables possibles ». D’ailleurs, les TC ont un rôle essentiel à jouer dans la diffusion des leviers agronomiques. Chez Perret, ils ont ainsi une formation soutenue pour être à la pointe sur les biostimulants.
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